Low tech : face au tout-numérique, se réapproprier les technologies

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Àmbits Temàtics

Ce nouveau numéro de la collec­tion Passe­re­lle s’ins­crit dans le cadre des réfle­xi­ons, soci­a­les et poli­ti­ques, de plus en plus nombreu­ses autour de la ques­tion des low tech. Le terme, que l’on doit en bonne partie à l’in­gé­ni­eur Philippe Biho­uix et à son livre L’Âge des Low tech, soulève de plus en plus d’in­térêt et fait l’ob­jet de discus­si­ons foison­nan­tes et passi­on­nan­tes.

Mais de quoi parle-t-on, exac­te­ment, quand on parle de low tech ? Cette notion de « basse tech­no­lo­gie » incarne le contraste avec le high tech, ces tech­no­lo­gies comple­xi­fi­ées en perma­nence. Smartp­ho­nes, ordi­na­teurs person­nels, data centers, tablet­tes, objets connec­tés… Depuis les années 2000, les « nouve­lles tech­no­lo­gies » ont connu un essor qui a contri­bué à modi­fier notre monde de mani­ère impor­tante. Irrup­tion d’In­ter­net et des rése­aux soci­aux dans la vie soci­ale et poli­ti­que, trans­mis­sion de l’in­for­ma­tion en temps réel depuis les quatre coins du monde, virtu­a­li­sa­tion accé­lé­rée de l’éco­no­mie, assis­tance de tous nos faits et gestes par des solu­ti­ons numé­ri­ques : les high tech se sont immis­cées dans nos vies quoti­di­en­nes en un temps record. En moins de deux décen­nies, une poig­née d’en­tre­pri­ses ont acca­paré la produc­tion, la diffu­sion et le contrôle de ces tech­no­lo­gies, en cher­chant avant tout à capter des marchés en forte crois­sance, plutôt que d’adap­ter ces outils aux besoins concrets de la soci­été.

Ce laps de temps très court rend diffi­cile l’analyse collec­tive de ces nouve­lles problé­ma­ti­ques, et des enjeux qu’e­lles soulè­vent. Si la criti­que des high tech est plutôt large­ment parta­gée, la défi­ni­tion du concept de low tech est encore en débat. Terme assez flou pour englo­ber des appré­hen­si­ons diffé­ren­tes et des nuan­ces impor­tan­tes dans l’analyse, quel­ques critè­res centraux semblent pour­tant mettre les mili­tant·es et penseur·­ses du low tech d’ac­cord. Est low tech la tech­ni­que qui est utile, dura­ble et acces­si­ble/appro­pri­a­ble. Certain·es ajou­tent égale­ment qu’e­lle est sobre, et utilise des maté­ri­aux locaux. Face aux limi­tes que peut présen­ter le terme, de nombreux autres concepts (wild tech, small tech, slow tech, rebel tech, etc.) insis­tent sur d’au­tres aspects inter­con­nec­tés et inter­dé­pen­dants de ce qui fait la criti­que de la tech­no­lo­gie ultra-complexe, de ses modes de produc­ti­ons, de ses impacts soci­aux et envi­ron­ne­men­taux, et sur les alter­na­ti­ves qui sont imagi­nées d’un bout à l’au­tre de notre monde. Si la présente publi­ca­tion se centre sur la notion de low tech, c’est parce que les réfle­xi­ons criti­ques qui l’ac­com­pag­nent, ainsi que la force du mouve­ment contem­po­rain qui le porte, nous semblent un cadre appro­prié pour alimen­ter le débat montant, boui­llon­nant et enthou­si­aste. Par ailleurs, la centra­lité accor­dée aux tech­no­lo­gies numé­ri­ques tient à ce qu’e­lles repré­sen­tent le cœur du modèle de « soci­été high tech » et un marché en pleine expan­sion, et engage le rapport à la commu­ni­ca­tion, inter­per­son­ne­lle et soci­ale, et donc la dimen­sion de l’or­ga­ni­sa­tion collec­tive de nos soci­é­tés. En ce sens, penser le low tech numé­ri­que permet de davan­tage problé­ma­ti­ser notre rapport aux tech­no­lo­gies dans un contexte où Inter­net joue d’ores et déjà un rôle abso­lu­ment crucial.

Jacques Ellul disait que la tech­ni­que mène le monde, bien plus que la poli­ti­que et l’éco­no­mie. Il s’agit ici, avant toute chose, de démon­ter le mythe de la neutra­lité tech­no­lo­gi­que au nom de laque­lle nos soci­é­tés s’em­bar­quent à marche forcée vers le tout-numé­ri­que. Dans cette publi­ca­tion, nous explo­re­rons les enjeux que soulè­vent les tech­no­lo­gies numé­ri­ques qui se comple­xi­fi­ent à un rythme soutenu, les diffi­cul­tés que cela présente et les possi­bles alter­na­ti­ves. Penser notre rapport aux tech­no­lo­gies numé­ri­ques au prisme de la notion de low tech nous oblige à poser la ques­tion de l’uti­lité soci­ale, la dura­bi­lité envi­ron­ne­men­tale et l’ap­pro­pri­a­bi­lité poli­ti­que de nos outils ; et à l’in­verse, cela ouvre sur l’idée que c’est en repre­nant la main sur les tech­ni­ques, la tech­no­lo­gie, les savoirs-faire, que se dessine l’éman­ci­pa­tion de ce contrôle et l’au­to­no­mie pour subve­nir aux besoins — ainsi que la cons­truc­tion d’une rési­li­ence collec­tive face à la crise écolo­gi­que et clima­ti­que gron­dante.

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